En bref

Les banquets foodsave sont préparés à partir d’aliments proches de la date de péremption ou dont la date est dépassée. Ils permettent de partager les bonnes pratiques et de sensibiliser à la lutte contre le gaspillage alimentaire.

Prenez des aliments irréprochables destinés à être jetés, cuisinez un délicieux repas pour une centaine de personnes, puis informez-les de ce qu’elles mangent. Voilà à quoi pourrait ressembler la recette d’un banquet foodsave. La première édition a eu lieu en 2016 à Berne, au milieu de la place de la gare. Depuis, de plus en plus de villes suisses accueillent des banquets foodsave. « Ils peuvent être considérés comme une sorte de fête urbaine », explique Karin Spori de foodwaste.ch, qui dirige le bureau national de coordination des banquets foodsave.

Chaque banquet est unique

L’avantage des recettes, c’est qu’elles peuvent être changées à volonté. Chaque banquet foodsave a ainsi ses spécificités. Le Forum de l’alimen­tation de Zurich a déjà organisé, en collaboration avec quatre autres organisations, son deuxième foodsave day sur toute une journée dans le cadre du festival Food Zurich. Au mois de juin, les personnes qui étaient disponibles et intéressées par la dégustation d’un déjeuner, d’un dîner, d’un souper ou simplement d’un snack, préparé à partir de surplus d’aliments, ont ainsi pu se retrouver à l’Europaallee, à Zurich.

« Nous avons utilisé des aliments issus du commerce de détail proches de la date de péremption, ainsi que des surplus de légumes des supermarchés », explique Andi Handke, cuisinier et activiste. Il prépare le menu foodsave du soir avec des élèves de l’International School of Zug and Luzern. L’après-midi du foodsave day, son équipe s’active dans les cuisines du restaurant Bridge à l’Europaallee. Certains jeunes épluchent et cuisinent, tandis que d’autres peignent des affiches qui présentent le menu du soir. Il se compose de millet, de chou-fleur blanc et violet, de chou-rave, de salade verte et de feuilles de betterave, le tout assaisonné d’huile d’olive et d’épices. Tous ces aliments étaient destinés à être jetés ou éventuellement remis, en partie, à des organisations d’utilité publique. Le repas est accompagné de nuggets véganes à base d’okara, un sous-produit issu de la fabrication du tofu.

Du gaspillage alimentaire partout

Mirko Buri, chef cuisinier et pionnier de la lutte contre le gaspillage alimentaire, qui prépare les repas du banquet foodsave à Berne, se procure généralement les excédents alimentaires directement auprès des agri­culteurs. « Malheureusement, là-bas, il y en a plus qu’assez, regrette-t-il. Beaucoup de légumes sont directement enfouis dans le sol ou jetés. » C’est le sort réservé notamment aux fanes de poireaux, aux tiges de brocoli ou encore aux tomates dont les consommateurs n’ont pas envie sur le moment. Dans le cadre de son entreprise Foodoo, Mirko Buri évalue ces restes de légumes de manière professionnelle, et en fait du bouillon, des sauces ou les fait mariner. « Sauver des légumes est judicieux à la fois d’un point de vue écologique et économique, mais aussi éthique. »

En Suisse, 2,8 millions de tonnes d’aliments sont jetés chaque année, comme le rappelle l’organisatrice principale Violanta von Salis, du Forum de l’alimentation de Zurich, l’une des cinq organisations responsables du foodsave day à Zurich. Le repas servi à l’occasion du banquet ne permet de sauver qu’une infime partie des aliments jetés. « Réduire le gaspillage alimentaire n’est pas l’objectif principal de ces manifestations, selon Mirko Buri. Il s’agit surtout de sensibiliser la population à cette thématique. »

Participer et faire passer le message

L’idée est de sensibiliser un public plus large. « Les banquets foodsave sont participatifs », commente le cuisinier Andi Handke. À Zurich, environ 60 organisations et entreprises partenaires ont participé à l’organisation et au bon fonctionnement du foodsave day. Leur personnel et leurs membres ainsi que des élèves et bien d’autres bénévoles ont contribué activement à la réussite de cette journée : ils ont participé à l’organisation, livré des aliments, monté l’infrastructure sur place, décoré les tables de fleurs, épluché des légumes, cuisiné, et participé au rangement. « L’ensemble des participantes et des participants soulèvent ensuite le thème du gaspillage alimentaire dans leurs familles, leurs cercles d’amis et auprès de leurs connaissances », ajoute Andi Handke.

Environ une heure avant le début du banquet du soir, la troupe de cuisine d’Andi Handke apporte les plats remplis de légumes sur l’Europaallee. Des rangées de bancs sont installées entre les grands immeubles gris. Les tables sont agrémentées de fleurs multi­colores. On trouve aussi des affiches présentant des chiffres et des informations sur le gaspillage alimentaire.

Il reste passablement de choses à faire avant le début du banquet. Avec l’aide de quelques jeunes, l’organisatrice Violanta von Salis sèche les tables et les bancs mouillés par la pluie. Les autres élèves cuisinent encore des bouillons de légumes et du millet à l’extérieur.

Plus tard, les premiers convives se rassemblent autour du lieu de remise des repas où une file d’attente se forme rapidement. Les jeunes femmes du mouvement Slow Food Youth participent à la distribution des plats colorés. C’est la clientèle qui décide elle-même du prix à payer.

Mission réussie

Malgré le temps incertain et les nombreuses manifestations qui avaient lieu en parallèle, ce jour-là, à Zurich, les convives du banquet ont répondu à l’appel et visiblement apprécié leur menu foodsave. Les restes du souper seront donnés à l’organisation d’utilité publique Incontro, qui est active dans le voisinage et nourrit quotidiennement les personnes dans le besoin dans le quartier de la Langstrasse. Quoi qu’il en soit, le cuisinier Andi Handke est ravi de ce foodsave day. La recette spéciale zurichoise a manifestement fait ses preuves.

Recettes anti-gaspillage

Le pain et les viennoiseries représentent une part importante du gaspillage alimentaire dans les ménages. Voici quelques idées de recettes à partir
de pain sec.

Entretiens

Yasmin Pantanowitz (14)

de Zoug, élève à l’International School of Zug and Luzern, bénévole au foodsave day

Participes-tu au foodsave day ?
Je suis ici aujourd’hui parce que j’adore cuisiner. Ça me motive de m’engager pour une bonne cause avec d’autres personnes.

Comment vis-tu cette manifestation ?
Nous avons coupé et haché énormément de légumes. C’était plaisant, mais aussi fatigant. Surtout pour mes mains.

Que retiens-tu de cette expérience ?
Je pense que c’est vraiment important de réduire le gaspillage alimentaire. J’essaierai à l’avenir de mieux gérer les aliments et d’utiliser la totalité des légumes en faisant du bouillon avec les épluchures.

Yasmin Pantanowitz
Saskja Rosset/LUNAX/OFEV

Zaher Udden Qureshi (43)

de Zurich, convive au banquet foodsave du soir

Pour quelles raisons participez-vous au foodsave day ?
J’ai découvert cette manifestation par hasard l’année passée et l’ai trouvée très intéressante. Je suis donc revenu cette année.

Comment vivez-vous cette manifestation ?
J’ai été vraiment supris de constater que tous les aliments utilisés ici étaient des aliments sauvés. C’est de la nourriture saine, et il y a tellement de personnes qui mangent ici. Pour moi, cette manifestation est une excellente occasion de rencontrer des gens autour d’un bon repas.

Que retenez-vous de cette expérience ?
Je n’imaginais pas qu’il y avait autant de gaspillage alimentaire. En venant ici, j’ai réalisé la quantité qui est réellement gaspillée. Je vais certainement essayer de consommer plus consciemment.

Zaher Udden Qureshi
Saskja Rosset/LUNAX/OFEV

Hans Düllmann (28)

de Zurich, a apprécié le menu du soir au foodsave day

Pour quelles raisons participez-vous au foodsave day ?
Nous habitons à proximité. Nous sommes allés nous promener et sommes tombés par hasard sur cette manifestation. Je me réjouis de pouvoir sauver des aliments. C’est la raison pour laquelle j’ai convaincu ma compagne de me rejoindre.

Comment vivez-vous cette manifestation ?
Je trouve l’ambiance très agréable. Le repas était bon. C’est une super manifestation.

Que retenez-vous de cette expérience ?
Je ne connaissais pas les chiffres. Désormais, je me rends compte de la quantité de nourriture qui est réellement gaspillée. Je serais ravi qu’une solution soit trouvée et qu’il y ait moins de déchets.

Hans Düllmann
Saskja Rosset/LUNAX/OFEV

Lena Ammann (38)

de Zurich, convive au banquet foodsave du soir

Pour quelles raisons participez-vous au foodsave day ?
Nos enfants sont gardés aujourd’hui. Mon mari connaissait la manifestation et a eu l’idée d’y aller. Et nous y voilà, en sortie avec un délicieux souper.

Comment vivez-vous cette manifestation ?
C’est convivial ici, l’ambiance est bonne. Même la météo est maintenant de la partie.

Que retenez-vous de cette expérience ?
Les nuggets d’okara, un produit dérivé du tofu, étaient excellents. Nos enfants les aimeraient certainement. Nous les achèterons, c’est clair. Notre gaspillage alimentaire est déjà très faible. En outre, nous sommes actifs notamment auprès de Foodsharing, une association d’utilité publique dont les membres sauvent de la nourriture. Nous utilisons également l’application too good to go qui permet d’acheter les invendus à prix réduit.

Lena Ammann
Saskja Rosset/LUNAX/OFEV

Pour organiser un banquet foodsave dans sa commune

Le site Internet foodsave-bankette.ch contient toutes les informations importantes à ce sujet.

Si vous êtes intéressé, veuillez écrire à l’adresse info@foodwaste.ch

L’organisation foodwaste.ch est le bureau national de coordination des banquets foodsave qui soutient les projets en lien avec cette thématique.

EN BREF

Les banquets foodsave sont préparés à partir d’aliments proches de la date de péremption ou dont la date est dépassée. Ils permettent de partager les bonnes pratiques et de sensibiliser à la lutte contre le gaspillage alimentaire.