Fermée en 1976, l’usine horlogère Raaflaub, à Moutier, avait recours à des solvants chlorés pour le dégraissage des pièces métalliques utilisées dans la fabrication des montres. Sans traitement adéquat, ces produits polluants se sont infiltrés dans le sous-sol et s’y sont durablement installés. Situé en milieu urbain, le bâtiment est aujourd’hui occupé par l’Armée du Salut. En vertu de l’Ordonnance fédérale sur les sites contaminés, le sous-sol devra faire l’objet de travaux d’assainissement. « Les polluants pourraient à terme nuire aux eaux de surface : nous avons découvert des concentrations anormales dans les eaux souterraines qui s’écoulent sous le site en direction de la Birse, une rivière de la région », note Nicole Chollet Häusler, cocheffe de la section des Sites pollués de la Direction des travaux publics et des transports du canton de Berne.
Linge propre, sols contaminés
À Bellinzone, la blanchisserie Caviezel est fermée depuis plus de trente-cinq ans. L’usine avait laissé derrière elle une pollution
au perchloréthylène (PER), un agent réputé irritant et cancérigène.
Active plus de six décennies, de 1927 à 1988, la blanchisserie Caviezel SA utilisait un procédé contenant du perchloréthylène pour le nettoyage à sec des textiles. Lorsque les CFF achètent le terrain, trois ans après la fermeture de la blanchisserie, l’entreprise ferroviaire ignore que le sous-sol renferme des polluants en concentrations supérieures aux limites légales. Ce n’est qu’en 1999 que la présence d’hydrocarbures chlorés et surtout de PER est constatée, donnant lieu à des investigations complémentaires entre 2003 et 2015. Celles-ci révèlent alors des quantités élevées de cette substance toxique. Finalement, les travaux d’assainissement ont commencé en 2020 et se sont achevés en 2022.
Acquis par les CFF en 1991, le terrain se trouve aujourd’hui sur le tracé du projet de prolongement de la troisième voie entre Giubiasco et Bellinzone – actuellement, le tronçon se réduit à deux voies à mi-chemin entre les deux gares. En parallèle, il est prévu d’y ériger la halte de la Piazza Indipendenza, qui dotera la capitale tessinoise d’une deuxième desserte ferroviaire, plus proche du centre-ville.
Pour les autorités cantonales, l’opération a été un succès. « Les coûts sont restés globalement maîtrisés et ne devraient pas excéder les six millions de francs prévus », note Simone Regazzi, responsable du dossier au sein du département tessinois du territoire. Les CFF ont déjà avancé les fonds, mais, en dernier lieu, la facture reviendra pour l’essentiel à l’Office fédéral
des transports et au canton qui pourra compter avec les subventions de l’OFEV à hauteur de 40 % de sa part.
Techniques de pointe pour dépolluer
Moutier (BE)
« À Moutier, certains sondages ont dû être réalisés depuis la cave du bâtiment. Grâce à l’utilisation de demi-tige de sondage, cette opération a pu être effectuée de manière efficace même dans ce genre de milieu exigu », explique Jean-Bernard Python, chef de projet chez Geotest, l’entreprise qui a supervisé les recherches.
Les investigations lancées en 2019 ont utilisé une méthode de détection des polluants dans les sols bien précise : les investigations avec des sondes à interface membranaire, plus connues sous leur acronyme « MIP ». « Cette technique présente divers avantages : elle permet d’obtenir plusieurs types de données simultanément et en direct afin de préciser l’extension tridimensionnelle de la pollution tout en limitant les coûts. » L’origine de la pollution a donc pu être déterminée avec précision. « Nous savons maintenant qu’elle provient exclusivement de l’ancien bâtiment de Raaflaub Montres. »
Bellinzona (TI)
À Bellinzone, pour extraire les polluants, les ingénieurs et géologues ont procédé au réchauffement des sous-sols. « À l’aide d’un dispositif chauffant, nous faisons monter la température du sous-sol entre 90°C et 100°C afin que les polluants s’évaporent dans l’air interstitiel. Il ne nous reste alors plus qu’à les capturer par aspiration », indique Antonio Greco, géologue chez CSD, l’entreprise qui a surveillé l’exécution des travaux d’assainissement. L’air extrait du sous-sol est ensuite canalisé vers des filtres de charbon actif, qui piègent les molécules de perchloréthylène.
« Nous avons extrait près de 200 kg de polluants, soit plus du double que ce que les études préliminaires prévoyaient », ajoute Antonio Greco. « Néanmoins, il a fallu composer avec plusieurs complications : certaines concentrations de perchloréthylène risquaient de se déplacer et, en plus, le sous-sol s’est compacté sous l’effet de la chaleur. » Pour éviter que le terrain ne se déstabilise, les ingénieurs ont injecté de l’eau pour le refroidir. L’assainissement a débuté en 2020 et a duré deux ans et demi. « Même après l’achèvement des travaux, les niveaux de pollution doivent être surveillés, car le risque de les voir remonter ne peut pas être exclu », explique Matthias Damo, chef de projet global pour les sites contaminés des CFF.y
Die Sanierung startete im Jahr 2020 und dauerte zweieinhalb Jahre. Allerdings sagt Matthias Damo, Gesamtprojektleiter für Altlasten bei den SBB: «Es gibt noch Restbelastungen, die sich nicht mehr mit verhältnismässigem Aufwand entfernen lassen. Aus diesem Grund ist eine Überwachung des Standorts erforderlich.»