Le GEN est basé à Genève, haut lieu de la diplomatie multilatérale. Malgré sa petite taille, le réseau a affirmé sa place de champion dans la diplomatie environnementale au fil des années et constitue aujourd’hui un forum incontournable à la fois pour la sensibilisation aux questions environnementales mais aussi la promotion de la mobilisation internationale en la matière.

Le GEN place l’être humain au centre de sa mission. Comme l’a souligné Inger Andersen, il s’agit de garantir le droit à un environnement sain, d’utiliser le commerce comme outil pour parvenir aux objectifs environnementaux et de renforcer la santé des humains, des animaux et des plantes: la communauté internationale doit donc garantir un engagement solide.

Trois questions à Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, pour le magazine l’environnement

Quel est le sujet vous préoccupe le plus entre le réchauffement climatique, la disparition des espèces et les PFAS, aussi appelés «polluants éternels» en raison de leur dégradation presque impossible?

Tous ces défis sont préoccupants, pris ensemble ou considérés séparément. Nous avons initié des mesures efficaces et les choses bougent. Par exemple, lors de la Conférence mondiale sur le climat, des engagements importants ont été pris et les parties se sont accordées sur un objectif de financement. Mais parallèlement, les émissions de CO2 ont augmenté, alors que nous devons justement les réduire drastiquement. Il faut donc intervenir avec plus de détermination. De la même manière, si la Conférence mondiale sur la biodiversité, à Cali, s’est soldée par des progrès, la perte d’espèces se poursuit malgré tout à une cadence insoutenable. Et concernant les produits chimiques, dégradables et non dégradables, personne n’en veut, que ce soit dans son corps, dans sa nourriture ou dans l’environnement. Il y a donc de nombreuses raisons de renforcer les mesures. La population comprend cette nécessité et appelle à l’action. Elle attend, par exemple, qu’un accord sur le plastique soit mis en œuvre. Notre mission au PNUE est d’avancer avec ambition en collaborant avec les pays et de ne pas perdre de vue que dans le domaine de la durabilité, le prix de l’inaction est lourd à payer.

Quels sont les principaux domaines que vous voudriez faire évoluer durant l’année 2025?

Il y en a beaucoup. Mais, seule, on ne peut pas faire avancer les choses: les états participant aux négociations doivent s’unir. Comme mentionné plus haut, l’accord mondial sur la réduction du plastique compte parmi les sujets les plus importants. Nous devons nous accorder sur un texte et, pour cela, tous les pays doivent se s’entendre. Ils devront faire des compromis, mais l’enjeu est important, puisqu’il s’agit de mettre fin à la pollution plastique dans le monde. Un autre objectif pour le PNUE est la création d’une troisième instance chargée de fournir les bases scientifiques en vue de l’élaboration des politiques climatiques des pays. Nous avons déjà le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, connu sous l’acronyme de «GIEC», et la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Il manque encore une instance comparable dans le domaine des déchets, des substances chimiques et de la pollution environnementale. Des négociations sont en cours. Mon objectif est de les conclure en 2025.

En novembre 2024, la cinquième série de négociations sur le plastique s’est terminée sans résultats. Peut-on encore espérer un succès?

Tout à fait, c’est précisément la raison pour laquelle les prochaines négociations sont particulièrement importantes. Il était sans doute trop optimiste de penser que nous y arriverions en deux ans. En réalité, il a fallu 21 ans pour créer l’Accord de Paris: 21 ans pour se mettre d’accord sur le fait que limiter le réchauffement de la Terre à moins de deux degrés. Lors des prochaines négociations avant la pause estivale, il faudra prendre un réel tournant. La balle est dans le camp des États membres.

La directrice de l’OFEV, Katrin Schneeberger (au milieu), avec la directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen (à droite)

La directrice de l’OFEV, Katrin Schneeberger (au milieu), avec la directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen (à droite). Photo: Géraldine EicherEIG

La Suisse parmi les précurseurs

La directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen, et la directrice de l’OFEV, Katrin Schneeberger, se sont rencontrées pour aborder des questions environnementales. Elles ont notamment discuté des négociations relatives à la création d’un accord mondial visant à mettre fin à la pollution plastique. La Suisse figure parmi les précurseurs de cet accord. Elle est membre de la Coalition pour une haute ambition (High Ambition Coalition), qui s’engage pour que plus aucun plastique ne soit rejeté dans l’environnement d’ici à 2040. Si les négociations aboutissent, Genève serait un lieu idéal pour accueillir le secrétariat de la Convention.

La Suisse souhaite aussi que le siège du secrétariat du nouveau panel scientifique sur les déchets, les substances chimiques et la pollution s’installe à Genève. Des synergies pourraient être mises en place au sein du réseau international qu’offre la ville. Une implantation à Genève renforcerait aussi la position de la Suisse.